14 Mars 2016
Lorsque je suis devenue maman, je n’ai pas immédiatement pensé à ma reprise du travail. Et puis, 1 mois avant, cela commence à sévèrement titiller les neurones. Une semaine avant, je ne t’en parle même pas. Surtout si, comme moi, ta reprise se produit le même jour que le début de la crèche pour tes Twins.
J’avais préparé un mug, une photo des Lucioles, idem pour mon fond d’écran d’Iphone…
Le jour J, je te l’ai raconté ici… Une frénésie de dingue.
C’était le 13 octobre 2014.
Comment se fait-il que je m’en souvienne ? Ce jour-là, on te coupe avec un couteau à beurre rouillé le cordon ombilical une seconde fois.
J’avais les tripes en feu :
· super émue de savoir que mes filles vivaient leur D-Day aussi,
· super flippée de retourner au travail aussi après une si longue absence,
· super pressée de retrouver mes filles le soir en espérant que la succession de transports en commun ne gâche rien.
Finalement, tout s’est bien déroulé. J’ai repris à temps plein, me sentais pousser des ailes.
Et paf, le pigeon !
Ba oui, je n’ai pas vu le plafond de verre et me suis éclatée le museau sur la vitre.
Quand tu reviens de congé maternité, d’autant plus long qu’il s’agit de multiples, un badge t’est épinglé « à l’insu de ton plein gré » : tu es désormais une « Môman » avant d’être perçue comme une salariée lambda.
On évite de te proposer certains sujets car ta disponibilité est désormais liée à ta condition de « jeune Môman ».
Certes, c’est compréhensible, parfois, je dirai même salvateur car cela évite de te surcharger et mettre en péril ton fragile et tout neuf équilibre vie perso/vie pro.
Il s’agit également d’une étiquette fichtrement difficile à décoller… bien pire que la tâche de purée de carotte bio sur le joli bavoir blanc offert par Tata Henriette.
Et cette perception erronée de notre capacité d’implication devient pénalisante en ce sens que, lors des revues de salaires, on va purement et simplement « t’oublier ».
Oui, il s’agit de vécu. Le truc mal vécu, d’ailleurs.
Comme tu es désormais une « Môman », certains mettent en doute leur possibilité de compter sur toi.
Alors qu’en réalité, une Femme qui a des enfants (multiples, et/ou successifs-rapprochés) et qui bosse, forcément elle a quand même de sacrées capacités d’organisation !
Je me souviens d’un séminaire où un DRH avait dit qu’une femme qui a 4 enfants et veut reprendre le travail, il l’embaucherait immédiatement car gérer 4 enfants est une preuve d’investissement colossal !
Ce DRH était un homme. Je tiens à le préciser car parfois, nous sommes sacrément rudes entre nous, les filles. Parfois les plus misogynes sont du genre féminin.
Comme je suis plutôt entière, j’ai voulu me prouver à moi-même que je pouvais tout gérer en mode #FingersInTheNoose, #WonderWomanALaNoix
Et puis, j’ai pris une claque niveau fatigue. Pas une petite : une VERITABLE claque qui te dévisse la tête au milieu des oreilles qui restent bien en place {tu vois l’image en cartoon : c’est pareil mais en moins drôle car le loup qui a l’air débile, c’est moi}…
OK, je te laisse rire parce que franchement, il fallait vraiment que je sois à coté de mes escarpins pour croire que j’avais un lien de parenté avec Cousine Shiva.
Tiens, un truc fun lorsque tu es TwinsMum et que tu bosses : tu n’uses plus tes escarpins. « Non, non, non ! », dirait Léonore en agitant son index.
Tout simplement parce que lorsque tu te seras ramassée deux talons pétés en courant avec ta poussette double pour emmener en urgence tes Twins chez le pédiatre à 17h (seul rdv disponible sinon, ce n’est pas drôle), tu abandonnes tes escarpins, les regardes avec envie et frustration.
Ou alors, tu es méga organisée et musclée comme une déesse : tu te traînes 2 paires de shoes chaque jour, une pour le boulot, une pour le running de ta seconde vie de folie => la course pour récupérer tes petits à la crèche, chez la nounou ou l’adorable Mamie !
Bref, alors que j’étais absolument CONTRE le temps partiel, avant de devenir Mum, j’ai abandonné mes principes et regardé la réalité en face (en plein face d’ailleurs) : je ne suis pas wonder woman et personne ne me demande de l’être, à part moi.
Cela n’a donc aucun sens de se mettre en danger en termes de santé. Ces attentes étaient les miennes.
Que je me défonce à temps plein ou à temps partiel, ma carrière est en stand-by tant que mes Lucioles ne seront pas en maternelles.
Donc autant me préserver.
Je vais te confier un truc : çà fait mal à la bourse et ailleurs (pas d’esprit mal-tourné….quoi que)…
Mais je me sens beaucoup mieux à 80% :
· j’ai accepté d’être juste humaine et non une héroïne Marvel
· j’ai découvert mes limites
· je priorise
Et le bénéfice inattendu : çà se passe rudement mieux au travail.
Finalement, je crois que le syndrome « Wonder Woman » agace beaucoup, consciemment ou pas.
Quand j’ai fini par accepter mes limites, les autres les ont vues aussi et ont compris tous les efforts que j’avais fournis avant d’en arriver là !
Donc, on peut bosser et être TwinsMum.
Il faut juste être soi-même et arrêter de se mettre la pression.
A moins que la pression ne vienne d’ailleurs, des projections que l’on nous fait supporter et nous porte à devenir. Faut-il encore payer le prix d’une équité réclamée et méritée en nous obstinant à être les meilleures partout ? Les Papas n’ont pas cette pression, ils sont au contraire reconnus comme posés, fiables, perçoivent des augmentations lorsqu’ils deviennent « Père ». Ils acquièrent un statut là où nous nous cherchons, et perdons le nôtre.
Etre soi en totalité : Mère et salariée, salariée et Mère.
Lâcher-prise, s’écouter au lieu d’écouter des diktats totalement ineptes.
Se faire confiance.
Finalement, je crois que ce sont les grands apprentissages du retour au travail, tout en restant professionnelle jusqu’au bout des ongles.
Alors, Take It Easy, comme le disent si bien nos Cousins d'Outre-Atlantique.
Les TwinsMum au #RendezVousTeamMultiples :