11 Janvier 2015
Olà mes jolis fauves !!
Mardi 06.01.2015, Grand-WowMa nous a rejoint à la maison en vue d'une journée spéciale le mercredi 07.01.2015... Elle n'aura quasiment pas fermé l'oeil de la nuit. J'avoue avoir très mal dormi aussi. Cela faisait 10 jours que j'angoissais à l'approche de la date de sa mammographie de contrôle.
J'ai proposé à Grand-WowMa de l'accompagner à cet examen, pour que l'on se serre les coudes.
Les Lucioles ont été adorables avec Elle la veille au soir, en lui faisant beaucoup de sourires.
Il faut savoir que lorsque le cancer du sein a été découvert, Léonore avait de ses minuscules mimines fait le V de la Victoire : la photo de son geste a longtemps orné le fond d'écran du téléphone de Grand-WowMa, pour lui donner l'énergie de se battre !!
Cette fois-ci, Héloïse eut un geste particulier : elle a caressé la poitrine meurtrie de Grand-WowMa, avec douceur, délicatesse, de façon renouvelée, en lui offrant un sourire détendu et un regard bienveillant.
J'ai eu le sentiment que sa caresse déposée était un sceau de protection, comme celui que je leur appose -chaque soir
sur leurs fronts avant de les laisser s'endormir.Un geste sciemment dirigé, avec une douceur qui m'a retournée, Héloïse étant parfois un peu brusque dans ses ébrouements quotidiens.
Grand-WowMa fut troublée...
En des temps anciens, certains pages y auraient lu un présage !
J'ai aussi vu un signe, une bénédiction de la Vie portée par d'innocentes menottes...
Mais tant que la bataille n'a pas été menée, l'issue reste incertaine et les présages demeurent des lectures abstraites.
Décision fut prise que nous prendrions notre petit-déjeuner à l'anglaise avec bacons et oeufs bio, un bon café, le jus d'orange qui va bien, avant de partir à Paris pour se promener et faire les soldes avant l'examen médical prévu à 14h15 précisément.
Nous nous sommes promenées dans une sérénité tremblante, pour donner le change.
En dépit de boutiques relativement désertes et calmes, nous n'avons pas réussis à craquer sur quoi que ce soit.
Nous avons déjeuné dans ce restaurant japonais de la Rue des Mathurins, point de ravitaillement de nos rencontres Mère-Fille, aujourd'hui encore ! La pause nous fit du bien car l'angoisse devenait difficile à masquer.
Pour évacuer ce stress qui grimpait au fur et à mesure que le décompte s'écoulait, nous avons fait le trajet à pied d'un pas décidé et pourtant chancelant, boudant les transports en commun.
Nous sommes arrivées en avance. Nous avons essayé de parler de tout et de rien, meublant l'attente.
Grand-WowMa a gardé un contrôle empreint de légers vacillements pour qui la connaît bien.
Le médecin appelle son nom, en avance de 7 minutes. J'aime bien ce chiffre qui correspond aux nombres de lettres des prénoms des Lucioles. Un nouveau signe ? Je m'accroche à tout ce qui peut être positif...
Le médecin me refuse la possibilité d'accompagner Grand-WowMa plus loin. Je comprends. Grand-WowMa doit faire le reste du chemin seule... Je reste près d'Elle par les pensées qui bouillonnent.
Je saisis nerveusement le Vogue de Novembre 2014.
Je le feuillette sans m'y plonger. Je le repose.
J'observe toutes ces Femmes, de tous âges, de tous horizons. La tension est palpable, électrique.
On se sourit avec un regard fuyant et lourd. On se salue à chaque nouvelle arrivée. Les noms sont appelés. Des femmes ramassent à la hâte leurs affaires. L'une d'elle renverse son sac. Nerveuse, comme chacune d'entre Elles.
Enfin, la porte du box s'ouvre et j'aperçois Grand-WowMa qui sort chargée avec son manteau qui traîne et son sac à dos dont le poids exagéré est patent. Je scrute son visage qui est impassible mais bizarre.
Je n'arrive pas à déchiffrer ses traits, ses cheveux retombant sur son regard, qu'elle rassemble derrière son oreille.
Je tremble comme une feuille. Je serre les dents, prête à la soutenir. J'ai peur. Ma bouche se fait sèche.
Ces fichus mètres nous séparant sont une éternité !!
Grand-WowMa pénètre dans la salle d'attente vitrée, sans dire un mot. Elle pose ses affaires en vrac en se penchant au-dessus et me chuchote, le regard pétillant : "C'est bon, tout va bien. Je vais bien. Il n'y a plus rien."
Je suis hébétée tellement cette bonne nouvelle était espérée !!!
Je me remets à trembler mais ne cherche plus à retenir cette vibration qui gronde dans mes tripes !!! ELLE VA BIEN !!! MA MAMAN CHÉRIE VA BIEN !!!!
J'ai la gorge serrée et laisse quelques larmes muettes filer le long de mes cils... Sans retenue, aucune !
ELLE VA BIEN !!! ELLE VA BIEN !!! ELLE VA BIEN !!!
Je me répète ses mots pour les rendre réels !!
Bon sang !!! Que cette bonne nouvelle me soulage !!! La planche de bois qui me sert de dos semble s'assouplir doucement, se dénouer...
Dernières formalités administratives et enfin, nous sortons du centre médical.
Je la regarde et je suis émue de savoir que ma Maman va bien, qu'Elle sera auprès de Nous encore longtemps !!
Nous remontons les rues et là, le shopping est possible.
Les futilités peuvent avoir un sens.
Nous sommes joyeuses, heureuses, légères comme des plumes !! Nous savourons la chaleur fugace des rayons du soleil, en découvrant qu'une averse a détrempé les rues, le temps que nous sortions d'une boutique !! Aucun nuage ne plâne sur nous aujourd'hui !
Cela fait tellement de bien de retrouver cette douce sérénité après les tempêtes...
Grand-WowMa doit reprendre le chemin du retour. On s'étreint fort. Je me retourne alors que la rame du métro ferme ses portes. Je vois Grand-WowMa me sourire et mon coeur se serre !
Tout va bien.
Puis je me reconnecte à mes réalités 2.0, alors que mon trajet en bus s'annonce comme long et pénible.
Et là, je découvre des statuts étranges, sombres... Je m'inquiète... Attentats à Paris, Charlie Hebdo, Les protagonistes en fuite... Muriel, maman blogueuse de jumelles et auteure de "Parents de Jumeaux, Notre Vie Croustillante" m'explique la situation via messenger.
Je tremble à nouveau...
J'appelle en toute hâte Grand-WowMa pour m'assurer qu'Elle a pu prendre son train sans difficulté, pour être sûre que notre naïf soulagement n'était pas déjà de nouveau en péril.
Grand-WowMa me rappelle la voix grave. Elle a également appris la situation.
Tout va bien. Tout va toujours bien. Pour Elle.
Tout ne va pas bien, partout ailleurs.
Une nouvelle tempête, un tsunami à plusieurs vagues...
L'horreur est là, mais nous décidons de croire en un avenir meilleur car cette journée nous l'a aussi promis.
Nous nous y accrochons et refusons de céder à la Peur...