15 Mars 2023
hello ma jolie bulle,
En plein dans des séries fantastiques à horrifiques, j'en serai presque à me détacher de cette future opération comme de la dissection d'une part de ma féminité !!
En vérité, plus la date s'approche, plus mes yeux connaissent d'indomptables inondations... Sous l'armure, les fêlures... Je craque, je pleure, je tremble.
Je me jette dans le travail, pour clore tous mes dossiers et m'absenter l'esprit serein. Je ne compte pas mes heures, j'explose les scores et je fais peur à certaines de mes collègues. Je suis comme çà : ce n'est pas forcément bien mais çà me permet d'être libérée de ce poids, de cette charge mentale là.
En fait, je mets le turbo dans ce que je peux contrôler.
Parce que demain, je m'en remettrai à d'autres. Je ne contrôlerai rien. Je vais m'abandonner dans le sommeil chimique de l'anesthésie et laisser mon corps entre des mains expertes.
Alors ce matin, j'ai pris mon tramway, dans le sas musical qui te permet d'être seul.e au milieu de la foule. J'ai mis le mode aléatoire et me suis surprise à avoir envie de danser, en écoutant mes favoris #napster : mes derniers morceaux sélectionnés étaient des Rolling Stones et de Maneskin... Mais le mode aléatoire a remonté des titres qui mettent la patate :
Sous mon masque chirurgical, j'essaie de savourer chaque rayon de soleil, chaque brise légère, marchant en regardant les bourgeons verdirent sur chaque plante croisée en chemin. Et penser que la Vie est belle, même dans ces moments de doute, de peur, qui m'étreignent si fortement qu'ils pourraient me noyer.
J'ai deux Lucioles aux yeux gigantesques qui me mangent du regard, me veillent et me surveillent. Alors je souris parce que, pour elles, je pourrai, je peux tout affronter.
Elles sont mon carburant, mes amours infinis, mes tripes et mes armes.
Ce soir, mes deux petites espionnes à couettes ont passé leurs museaux dans la salle de bain, me regardant me laver en rougeoyant de bétadine.
Ce n'est rien, qu'un savon comme un autre. Je ne saigne pas.
Mais demain, je serai à nouveau amputée d'une part de féminité.
Je vais perdre ma dernière trompe de Fallope qui a la taille d'une grosse mandarine, et les nouvelles attaques de cette f*cking endométriose aussi.
Demain, je serai stérilisée, aux portes de mes 43 ans, avec le sentiment d'être un sachet de jambon avec une DLC* expirée (Date Limite de Consommation).
Et j'irai mieux. Parce que j'ai la chance d'avoir accueilli dans le berceau de cette féminité mes deux magnifiques Lucioles. Je mesure ma chance et mon bonheur chaque jour, même épuisée, même lorsque je les surnomme Décibel et Acouphène les soirs de crêpages de chignons, souvent.
Je suis tellement reconnaissante.
Je vais me laisser porter demain, lâcher prise... puis avancer. Si cela m'atteint, cette épreuve ne m'arrêtera pas. Je reste Maman et Femme, avec mes cicatrices, mes batailles et mes deux plus belles Victoires en étendard !