8 Avril 2016
J'ai eu de la chance. Nous avons de la chance. Oui.
Le 13 juillet 2013, les Lucioles étaient implantées sous ma peau et elles se sont accrochées.
Ce n'est malheureusement pas le cas de beaucoup d'autres Mum-To-Want. Tu sais bien, celles dont j'ai fait partie. Ces femmes, qui souhaitent ardemment avoir la joie de devenir Maman mais à qui Dame Nature fait des pieds de nez insupportables.
Je réalise que j'ai oublié cette douleur abominable du ventre qui reste creux. Je n'aurai pourtant jamais cru pouvoir l'oublier cette odieuse attente, ces déceptions, ces feux de paille éteints avant même d'être vraiment allumés.
Et puis, l'appel de cette Amie, ressentir sa souffrance muette et le poids colossal de ses désillusions. La pudeur de sa douleur. Je la sens tremblante au bout du fil. A vif. Comme un oiseau perdu dans un ouragan, se débattant à tire d'ailes. Fatiguée, épuisée par le combat.
Me souvenir.
J'ai envie de la prendre dans mes bras, de la serrer fort. Envie de lui dire que la Vie réserve des surprises et de beaux miracles.
Et ne pas oser. Parce que je me souviens. L'espoir, cet espace du possible est aussi celui de la torture morale.
Pourquoi ? La voilà, la vilaine question : Pourquoi cela fonctionne pour certains couples et pas pour Elle et Lui ?
Cette incompréhension, comme si mettre un mot dessus, un sens à cette situation inepte, permettait de mieux la vivre. Temporairement.
En effet, quelque soit l'explication de cette infertilité, mettre un mot permet juste de "savoir". Mais parfois, la médecine n'identifie pas la cause, et le traitement est donc d'autant plus difficile à appréhender.
Car, finalement, la réponse, comme la non-réponse, n'explique pas tout et ne répondent pas à la VRAIE question : Pourquoi cela tombe sur Nous, sur Eux, sur Vous?
Pourquoi cet obstacle invisible et infranchissable ?
C'est une lutte qui s'apparente à un labyrinthe de miroirs : chaque reflet nous renvoie une image déformée de Nous. Pourquoi...
Parce que ce n'est pas "Juste".
Et l'injustice ne comprend aucune raison. C'est un mot et un maux. Une plaie qui fait saigner et pleurer, qui martyrise le corps et l'esprit.
Pourquoi Moi, Toi ?
Et si j'étais Elle...encore. Aurai-je encore la force de me battre ? La force de sourire et de répondre aux questionnements intrusifs et pourtant innocents de l'entourage "C'est pour quand?"?
Je ne sais pas.
Sincèrement, je ne sais pas.
Je sais seulement que je serai là pour Elle.
Parce que je lui souhaite un miracle, un vrai. Une étincelle, ou plusieurs, comme nos Lucioles.
Parce que l'Univers est infini et que la Vie peut jaillir là où on ne l'attend pas. Là où Elle ne l'attend plus.